Il était une fois…
Il était une fois…
Une guêpe poliste qui, tête baissée, prit de plein fouet un splendide frelon européen.
Il est à préciser que ces deux-là sortaient d’hibernation…
Grisés par les senteurs des fleurs nouvelles, émerveillés par leurs vives couleurs printanières, ils ne savaient à vrai dire plus vraiment suivre une trajectoire correctement.
« Oh, tu ne peux pas faire attention ! Pourquoi voles-tu si bas ?
– Je cherche un endroit idéal pour établir mon nid et je ne trouve rien !
Mon guêpier doit être orienté au soleil, sud, sud-est de préférence, à l’abri d’un rocher, d’une haie, d’un mur, sur le sol, sur une brindille…
Je fatigue aujourd’hui et je ne vois rien de bien intéressant. Peux-tu m’aider ?
-Désolée, cousine hyménoptère, je n’ai pas le temps, je suis pressée de fonder moi aussi ma famille ! As-tu pensé aux arbres creux, au clocher d’une église, au luxe des prestations d’un grenier ou des commodités d’un garage ?
-J’avais oublié les endroits protégés, tièdes et sombres ! Merci pour cette idée !
-Tu ne trouves pas qu’en tant que femelle fécondée depuis l’année dernière, nous avons un sacré emploi du temps à venir ?
-Oui, tu as raison !
Pondre des œufs et encore des œufs c’est une drôle de vie ! J’aimerais bien pouvoir conserver ma taille de guêpe plus longtemps !
Pâques approche en plus, et on n’aura pas le loisir de dénicher quelques œufs en chocolat pour changer un peu !!!
-Tu as oublié que nous faisons également office de maître d’œuvre et maître d’ouvrage !
Notre vie n’a finalement de sens qu’au service de la colonie que nous allons fonder. Quelles responsabilités !
-Ouais, il va falloir un jour réfléchir à organiser une manifestation pour faire entendre notre voix et alléger notre charge mentale !
– Entendu, on reste en contact afin de planifier une date pour se réunir, identifier toutes les revendications et préparer des tracts…
Allez, je te laisse maintenant et te souhaite bon courage ma belle !
– A très bientôt donc ! »
La construction du nid
C’est ainsi que nos deux femelles fondatrices portant en elle une future colonie de plusieurs centaines voire de milliers d’individus, ont continué à chercher un endroit propice pour construire leur nid…et l’ont enfin trouvé…
Selon un extraordinaire instinct, toutes les deux maîtrisent parfaitement la technique qui leur permet de l’élaborer et de le fixer à son support.
Avec leurs mandibules, elles arrachent de la fibre végétale sur des tiges de plantes sèches, certaines espèces préfèrent les arbres morts ou les piquets de clôture.
Elles malaxent ensuite ce matériau avec leur salive pour produire une pâte humide et molle puis façonnent ce papier mâché et l’agencent selon des règles géométriques strictes et précises, afin de donner une forme hexagonale à des cellules étonnamment régulières, qui peuvent, une fois sèches, recevoir les premiers œufs, dans cet espace permettant d’entreposer le maximum sur un minimum de place.
Selon la croissance du nid, le papier peut être à nouveau humidifié, remodelé en structures nouvelles.
Il est à noter que cette construction dite « en nid d’abeilles « a inspiré de nombreux architectes…
Les reines, n’ayant pourtant pas suivi de longues et fastidieuses études, sans regarder de plan, savent utiliser leurs pattes habiles et leurs précieuses mâchoires comme outils et instruments de mesure ! C’est une maçonnerie particulière qui a prouvé son efficacité depuis de très nombreuses années.
L’ensemble des alvéoles est ensuite enveloppé de plusieurs couches protectrices, isolantes, solidifiant le tout. Cette multitude de bandelettes en papier, entassées les unes sur les autres, parent le nid de couleurs variées selon l’essence du bois utilisé.
Les femelles fondatrices n’oublient pas de laisser une ouverture vers le bas, à l’extrémité du nid.
LE saviez-vous ?
Les Chinois se sont inspirés du travail des frelons et des guêpes pour construire leurs nids et ont ainsi inventé le… papier! La cellulose, constituant principal de la majorité du bois et des végétaux, permet de fabriquer de la pâte à papier.
Si vous avez sous la main un tee-shirt en coton, découpez-le en petits morceaux, ajoutez de l’eau, broyez finement ce mélange qui, avec un matériel adapté, pourra vous donner l’occasion de compléter la réserve de feuilles de votre bureau!
Et si cela vous tente, récupérez le crottin d’un cheval ou même d’un éléphant, animaux tous deux herbivores, et tentez la même expérience !